Flipper le pompier prend le large
- Julien Clément
- 4 août
- 3 min de lecture
Jean-Luc Beghin prend sa retraite après 35 ans d’intervention📍 Tournai – Sud Presse, 10/07/2017
Les pompiers tournaisiens ont réservé une belle surprise à un des leurs ce vendredi matin ! Ils se sont rendus à 6h30 chez Jean-Luc Beghin, sirène criante, histoire de rendre la dernière journée de travail de leur ami vraiment inoubliable. Celui que tout le monde appelle Flipper – car le sapeur est aussi plongeur – prend en effet une retraite bien méritée non sans un gros pincement au cœur.
Cela fait 35 ans qu’il allait au feu, Jean-Luc Beghin ! Il a été engagé comme sapeur-pompier volontaire le 1er août 1982 sous les ordres du commandant Francis Léchevin, une activité qu’il a menée pendant 20 ans tout en étant menuisier à la ville. Devenu papa en 1998, il est passé professionnel en 2003, après des interventions diverses pour combattre le feu, porter secours, mais aussi les accidents de la route. Au fil des années, Jean-Luc Beghin s’est aussi vu confier la plongée, ce qui lui valut le surnom de Flipper qu’il porte encore avec le sourire.
🧠 CES DRAMES QU’ON N’OUBLIE PAS
Cette belle carrière s’est terminée vendredi après-midi. Le matin même ses collègues avaient mis les petits dans les grands pour rendre la dernière journée de boulot inoubliable. Une surprise préparée avec Dominique, l’épouse complice du retraité.
« Quand j’ai ouvert la porte de garage pour partir travailler, j’ai entendu la sirène, vu le camion et tous mes collègues. Je ne m’attendais pas à ça, c’était très émouvant », nous a confié Jean-Luc un peu plus tard, entre deux interventions.« Je vais quitter la caserne avec un gros pincement au cœur. Je suis très attaché à ma grande famille et les liens sont trop forts pour que ce soit un simple au revoir. »
Des frères avec qui on rit, on se soutient dans les moments les plus difficiles. Il évoque l’histoire locale : l’incendie du Prieuré à Blandain, les silos chez Unisac, l’usine chimique, ou le Viaduc de Tournai.
« Mais aussi avec qui on partage la souffrance des familles, les décès… Je n’ai jamais pleuré après une intervention, je garde ça pour chez moi, mais ça ne laisse pas indifférent. J’ai malheureusement intervenu sur pas mal de catastrophes avec des enfants et je peux vous dire qu’on ne les oublie jamais. On doit mettre des barrières entre le boulot et la vie privée mais quand des drames touchent des enfants, c’est très compliqué. »
Passionné par son job, Flipper l’est à un point tel qu’il a répertorié dans un carnet précis toutes les interventions.
« Les journaux ne disent pas tout, alors mes enfants sont conservés via mes écrits. Je n’arrive pas à les oublier. »
👶 BÉBÉ DE NOËL À DOMICILE
Mais en ce jour de retraite, l’heure était surtout aux bons souvenirs. Comme cette naissance un soir de Noël dans une chambre mal éclairée d’une maison tournaisienne.
« Mon collègue a annoncé à la maman qui venait d’avoir un petit garçon : j’ai dû lui dire de regarder de plus près… C’était une fille. »
Malheureusement, quelques minutes plus tard le plongeur enchaînait une intervention sur un accident aux conséquences mortelles.C’est ça la vie de sapeur. Et pour le vivre, Flipper évoque beaucoup de ses collègues dont il admire encore la volonté et le corps.
« Il faut pouvoir partir tous les jours pour protéger les autres. »« Mes collègues, avec mon épouse Dominique, sont ma vraie famille. »
Avec Dominique, Jean-Luc formait une équipe :
« Quand j’étais volontaire, au bon de mon sommeil, elle était déjà allumée le moteur de l’auto pendant que je m’habillais. »
En 35 ans, Flipper en a vu des choses, toujours partant pour des plongeons, il a souvent été vu avec un gilet lesté de 50 kg. Ensemble, ils ont traversé les années, sauvé, soigné. Et puis bien sûr, le camping, les apéros entre amis, et aujourd’hui à plein-temps pompier de cœur, retraité pompier de terrain.
« J’ai eu une sacrée chance. Flipper, je vais les encore aider mais autrement, je ne rentre pas à la caserne comme avant. »
🖋 Marie Braquehaie

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